06 septembre 2021
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Se tenir aujourd'hui sous le Goldener Dachl, c'est se souvenir de l'époque de Maximilien, lorsque des tournois de cour y étaient célébrés. Depuis quelques années, une plaque commémorative rappelle l'incinération en 1536 de Jakob Hutter, le fondateur de la communauté anabaptiste des Huttérites. Rien ne rappelle cependant que le premier procès de sorcières en Autriche a eu lieu ici en 1485/86. Dans l'exposition "Hexen" (Sorcières ) au Taxispalais Kunsthalle Tirol, l'art contemporain se penche sur le thème des sorcières.

UNE MACHINATION DÉVASTATRICE

Le moine dominicain Heinrich Kramer avait accusé 50 personnes de sorcellerie. Les Tyroliens n'appréciaient pas (encore) les agissements de cet inquisiteur fanatique. Les autorités l'expulsèrent du pays avant même que les accusés ne soient condamnés.
Par la suite, Kramer écrivit le "Marteau des sorcières", un guide pour traquer les sorcières, les démasquer, les "interroger" - c'est-à-dire les torturer - et les condamner. Le Marteau des sorcières est devenu un best-seller. Cet ouvrage dévastateur devait coûter la vie à des milliers de personnes, surtout des femmes, y compris au Tyrol.

LES SORCIÈRES DANS LE TAXISPALAIS KUNSTHALLE TIROL

Lorsque l'on se trouve aujourd'hui devant le Goldener Dachl, on peut naturellement se demander si les sorcières sont encore un sujet de discussion dans notre monde occidental ? À quelques minutes de marche de là, l'exposition "Hexen" (Sorcières) du Taxis Palais Kunsthalle Tirol se penche sur cette question - et trouve des réponses.
Nina Tabassomi rassemble une poignée d'œuvres contemporaines marquantes qui abordent des facettes de ce thème. "Les sorcières n'existent pas. Elles sont une construction sociale", explique la directrice de la Kunsthalle et commissaire de l'exposition. La chasse historique aux sorcières aux 16e et 17e siècles va de pair avec le triomphe du capitalisme et est imbriquée dans ce dernier.

L'expropriation des terres, l'exploitation de la force de travail, dont la reproduction devait être assurée, ont accompagné l'introduction et le développement du capitalisme. Pour imposer le système, il fallait de nouvelles armes de contrôle. Lorsqu'il est question de sorcières, il s'agit donc toujours de la question du pouvoir et de la domination, il est question de stigmatisation, d'oppression et de violence systématique. Et rien qu'avec ces mots, le sujet est catapulté dans le présent.

LE RÊVE D'EZECHIEL

L'Église catholique a joué un rôle extrêmement peu glorieux, car prépondérant, dans la chasse aux sorcières. Dans son installation "Ezekiel dreams beyond repair", l'Iranienne Neda Saeedi se penche sur la vision du salut d'Ezekiel telle qu'elle est décrite dans l'Ancien Testament. Elle transpose le trône dont rêve Ezéchiel à l'époque actuelle. Chez Saeedi, il ne s'agit plus du trône divin qui symbolise le monothéisme. Le siège bleu est celui du Parlement européen à Strasbourg.

Le symbole du pouvoir politique est porté par quatre répliques de plantes. Disparues depuis longtemps dans la nature, ces plantes ne vivent plus que par la main de l'homme. C'est pourquoi elles ne sont plus enracinées, mais placées dans des têtes de brosse de nettoyeurs à haute pression. L'atmosphère lugubre qui entoure cette installation est encore renforcée par un soleil vert en arrière-plan. En y regardant de plus près, celui-ci se révèle être un reflet. Il disparaît, à l'exception d'une bande de vert, dans un trou noir.

UN ART QUI EXIGE

Les autres œuvres de l'exposition Hexen suscitent également desémotions fortes. Par exemple celle d'Esther Strauß. L'artiste s'intéresse aux rituels et aux reliques, à la mort et au lien avec nos ancêtres - et aux possibilités d'empathie et de proximité au-delà des conventions. Ainsi, dans l'œuvre "Opa" réalisée en 2015, l'artiste se tient nue dans la terre qu'elle a soulevée de la tombe de son grand-père ou, dans "Wiegenlieder", elle berce le crâne d'une personne qu'elle ne connaît pas. L'installation vidéo de 16 minutes de Pauline Curnier Jardin, intitulée "Qu'un sang impur", qui traite du plaisir féminin au-delà de la reproduction, est également bouleversante.

CUISINE DE LA SORCIÈRE MÜHLAUER KLAMM

L'installation "Hexenküche (the witch rarely appears in the history of the proletariat)" d'Angela Anderson et Ana Hoffner ex-Prvulovic* au sous-sol a été réalisée sur commande de Taxispalais Kunsthalle Tirol. Partant de citations tirées du Marteau des sorcières, le travail s'interroge sur les endroits du Tyrol où "les infrastructures économiques et idéologiques de la chasse aux sorcières historique résonnent", comme le constate Tabassomi.

Le titre abrégé se réfère à la légende de la cuisine des sorcières dans la ville d'Innsbruck Gorge de Mühlau au-dessus du quartier de Mühlau à Innsbruck. Les artistes font référence aux moissonneurs, souvent mal payés et exploités, qui ramassent les légumes dans les champs. À l'aide de photographies et d'affiches, elles évoquent les premières manifestations féministes à Innsbruck et l'appropriation de la figure de la sorcière dans ce contexte. Les souvenirs et les récits de témoins de l'époque dans l'installation vidéo de 42 minutes sont également passionnants.

ART WALK

Dans l'ensemble, une exposition émouvante et captivante sur le plan émotionnel, qui montre bien que les sorcières ne sont pas seulement des êtres humains : Le thème des sorcières est loin d'être clos. Au contraire : l'histoire du pouvoir et de l'impuissance, de l'oppression et de l'exploitation qui lui est liée est d'une actualité brûlante.

J'ai visité l'exposition "Hexen" dans le cadre d'une Art Walksqui mène à la Taxispalais Kunsthalle Tirol, au Kunstraum Innsbruck et à la Tiroler Künstler:innenschaft. Ce format, créé en 2020, donne envie de découvrir l'art contemporain( j'en ai parléici ). Il y a d'autres dates en automne (voir ci-dessous).

Hexen
Jusqu'au 3 octobre 2021 à
Taxispalais Kunsthalle Tirol
Maria-Theresien-Straße 45
6020 Innsbruck
Heures d'ouverture de l'exposition et de la bibliothèque : mar-dim, 11:00-18:00, jeu 11:00-20:00
Prix d'entrée : 4 €/ 2 € (groupes à partir de 10 pers. 3€/pers) , entrée gratuite le dimanche, personnes handicapées, enfants et jeunes jusqu'à 18 ans entrée gratuite
Tél. : +43 512 505 3171
Mail : taxispalais@tirol.gv.at
www.taxispalais.art

Informations sur l'ART Walk
Guide : Alexandra Mairhofer
Durée : 2 heures
Prix du billet : 15 €/personne (entrée gratuite dans les maisons d'exposition)
Dates en 2021 : 24.09., 12.11., 17.12.2021
Rendez-vous à 15h30 à l'office du tourisme d'Innsbruck, Burggraben 3
Inscription obligatoire jusqu'à 16h00 la veille de la visite sur taxispalais@tirol.gv.at ou par téléphone au +43 512 5083171
Le nombre de participants est limité.

Un aperçu des manifestations culturelles à Innsbruck et dans les environs est disponible sur www.innsbruck.info

Photos, sauf indication contraire : © Susanne Gurschler

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